Ou comment éviter de devenir “La féministe de service”?
Entre deux mononcles qui commencent par: “Vous les féministes…”, le grand-père qui trouve que: “C’était mieux avant”, la vieille tante qui pense que les femmes ne sont plus féminines, la mère qui réclame des petits enfants et le frère, qui n’en fou pas une au repas de Noël, il y a de quoi péter une coche non?
Avant de se lancer dans le sport préféré de la saison: Le débat, il faut avant tout faire la part des choses entre les membres de ta famille qui veulent vraiment comprendre ton combat et ceux qui veulent juste te faire virer folle. Pour cette dernière catégorie, inutile d'user ton énergie.
Nous ne sommes pas Wikipédia! Notre rôle n’est pas d’éduquer.
Commençons par dire que tu n’es pas la porte-parole du féminisme, que tu peux tout à fait dire “ je n’ai pas envie de parler de ça” ou “bon, on change de sujet ?”. Entre l’épuisement de fin d’année et les repas de famille compliqués, pas besoin de devenir la militante en titre et de porter ces combats faces à ceux qui, malgré tout tu aimes et que tu auras probablement envie de revoir au prochain Noël.
Répondre aux remarques sexistes sans s’épuiser émotionnellement
“On ne peut plus rien dire”
Tu peux ramener de la sensibilité dans le discours, du respect et de l’empathie aussi. Il ne faut pas avoir peur de dire que ce n’est pas drôle et que tu n’as pas envie de rire de tout. “Non, je n’ai pas d’humour, explique-moi ce qui est drôle?” Ça oblige la personne en face à réfléchir à ce qu’il vient de dire.
“Il y a plus important quand même” ou “De mon temps, on avait des vrais combats”
Fait appel à ton expérience personnelle en rappelant toutes les fois où tes copines et toi ont déjà eu peur: De remarques homophobes, de rentrée de soirée à pied, de porter une robe dans le métro…
Tu peux aussi remettre en perspective tout ce que les féministes considérées comme extrémistes à l’époque ont accompli pour les femmes d’aujourd’hui: Droit de votes, droit d’ouvrir un compte bancaire, accès égal à l’éducation, reconnaissance légale des violences conjugales…
Il y a quelques jours seulement, le Parlement européen a adopté un texte qui facilite l'accès à des avortements "sûrs" à toutes les femmes du continent! Au Canada, la Loi sur l’équité salariale, n’est entrée en vigueur qu’en août 2021! On a beaucoup progressé, mais il y a encore du chemin à faire.
“T’as vu comment elle était habillée”
Demande d’après lui, qui essaies-tu de séduire en étant en jupe en famille pour Noël? Ensuite, tu peux rappeler que plein de femmes se maquillent ou s’habillent pour elles, pas pour séduire des hommes. Tu peux aller plus loin et tenter d’expliquer que même si une femme séduit un homme, elle a toujours le droit de changer d’avis, de se rétracter et de dire « non » à tout moment…
Tu peux aussi rappeler que l’apparence n’est pas sujette à débat et que c’est fatiguant de n’être jamais assez. Jamais assez prude quand on est jupe, jamais assez sexy quand on est en pantalon, jamais assez visible quand on porte le voile. Blâmer le physique et les choix d’une femme, c’est une façon très ancienne de déplacer la responsabilité masculine. Ce raisonnement repose sur l’idée que les hommes seraient incapables de se maîtriser. C’est une vision profondément déresponsabilisante.
“Je n’ai jamais vu de harcèlement, d’homophobie ou de racisme autour de moi, on en parle trop, c’est tout.”
Reconnaitre dans un premier temps le vécu de la personne puis le remettre en contexte en donnant des chiffres concrets pour lui expliquer que son expérience ne correspond pas à la majorité des cas. N’oublions pas que la personne à l’origine de ce commentaire est souvent, voire toujours, un homme, un hétéro, blanc… mais merci Gérard pour ton commentaire…
“Les hommes aussi, ils souffrent”
Oui, bien sûr. Le féminisme ne dit pas le contraire. Reconnaître les inégalités vécues par les femmes n’efface pas celles des hommes.
« Bientôt on pourra plus parler à une femme sans être accusé de harcèlement »
Rappeler que parler, ce n’est pas harceler et que comme tout être humain, il y a une façon de faire, un respect à avoir et le consentement à respecter. Tu peux expliquer que ça peut paraitre difficile à concevoir, mais que des mains baladeuses ou des mots inappropriés sont encore courants dans notre expérience de femme.
Dire que l’on a vécu un harcèlement ne nous prend pas comme une envie de chocolat à Noël, ça demande beaucoup de courage et vient d’un profond malêtre. Proposer d’échanger avec des femmes de façon polie et respectueuse, faire attention à leurs réactions.
The SIMONES en parlent très bien juste ICI.
Mettre en pratique nos engagements
Noël est un moment propice à la remise sur le devant de la scène des attentes sociales, des stéréotypes de genre et de discrimination.
-
Cadeaux genrés, jouets sexistes: Offrir sans reproduire les stéréotypes
Les rayons de jouets de grandes enseignes, font encore froid dans le dos: Rayon rose pour les filles plein de poupées et de brosse à cheveux et rayon bleu pour les garçons avec des jouets de construction et des super-héros. Une étude de 2015 révèle que les garçons ont plus de probabilités que les filles de jouer à des jeux qui développent leur intelligence spatiale: Construction, puzzles, Lego. Pour les magasins, la commercialisation de jouets genrés constituent une approche fiable, laissant aux parents le choix.
Et si on remplaçait cette question “Est-ce que c’est pour un homme ou une femme ?” par “Qu’est-ce que la personne aime?”. Jeux mixtes, livres inclusifs, activités créatives, scientifiques ou sportives accessibles à tous·tes: Il existe aujourd’hui de nombreuses alternatives pour faire plaisir sans perpétuer les codes de genre.
🎁 Liste de cadeaux non-genrés chez Belle et rebelle.


-
Un Noël féministe, c’est aussi un Noël solidaire!
Acheter, c’est choisir! Pour ces fêtes de fin d’année, tu peux faire le choix de soutenir des créatrices locales qui vivent de leur passion. Chez Belle et rebelle, nous sommes une équipe 100% féminine et nous avons la chance de collaborer avec des femmes brillantes qui participent au développement de la création locale québécoise. Je t’assure, ça vaut le coup d’y jeter un coup d’œil! Soutenir des créatrices locales et des projets portés par des femmes permet de rééquilibrer, à petite échelle, des systèmes économiques encore très inégalitaires.
L’esprit de Noël, c'est aussi la générosité, la solidarité, la sororité! Ce qui en fait un moment parfait pour donner un coup de pousse aux associations qui aident les femmes. Autant de manières de transformer un acte de consommation en geste porteur de sens (je suis sûre que papy sera ravi de savoir que tu as contribué à la santé des femmes en son nom pour Noël!). ICI tu trouveras des associations à qui donner pour les fêtes.
Derniers petits conseils de survie, tu peux t’aider en identifiant tes allié·es, tu n’es pas obligée d’être seule dans cette situation.
Parfois, il suffit d’encadrer la conversation, de demander ses références à la personne en face, de lui dire que tu vas les consulter et vous pourrez reprendre cette conversation ensuite. Ne pas hésiter à son tour de donner des recommandations pour enrichir la conversation: Livres, films, podcasts… (et pourquoi pas en faire ton cadeau de Noël!). Tu peux amener un petit guide avec toi et laisser trainer sur la table ex: 1. Nous sommes tous des féministes – Chimamanda Ngozi Adichie, Tout le monde peut être féministe
– Bell Hooks, Les filles de Marianne : histoire des féminismes, 1914-1940 – Christine Bard